Les do’s et don’ts du pitch deck marocain

Le pitch deck est devenu la porte d’entrée de tout projet entrepreneurial. Pourtant, la majorité des fondateurs marocains tombent dans les mêmes pièges : slides trop longues, chiffres invérifiables, jargon creux. À l’inverse, un deck clair, concis et contextualisé peut changer le destin d’une startup. Voici les réflexes à adopter et les erreurs à bannir pour convaincre un investisseur au Maroc.

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Les do’s et don’ts du pitch deck marocain

Dans un écosystème encore en apprentissage, le pitch deck marocain révèle souvent deux tendances opposées : le “deck catalogue”, qui empile les slides sans logique, et le “deck express”, construit en une nuit avant un concours. Dans les deux cas, le résultat échoue à convaincre.
Les investisseurs, qu’ils soient issus de Tamwilcom, de UM6P Ventures, d’Outlierz Ventures ou de Marita Capital, le répètent : ce n’est pas la beauté du deck qui compte, mais sa rigueur. La forme doit servir le fond, pas le masquer.
Comprendre les règles implicites du pitch deck, c’est comprendre ce que les fonds recherchent vraiment : la clarté, la cohérence et la capacité à exécuter.

1. Les “do’s” : les bonnes pratiques du deck marocain

Le premier réflexe est la sobriété. Dix à quinze slides suffisent pour raconter une histoire claire. Le deck idéal commence par un problème bien cadré, une solution convaincante et une démonstration chiffrée du potentiel du marché.
Les investisseurs marocains apprécient les présentations structurées selon le schéma international : problème → solution → marché → traction → business model → équipe → besoins financiers. Cette logique universelle leur permet de comparer les projets plus facilement.
Un autre “do” essentiel : l’ancrage local. Un bon deck marocain parle du Maroc. Les fondateurs qui citent des données locales (HCP, Bank Al-Maghrib, AMMC, ANRT) montrent qu’ils comprennent leur marché. L’erreur la plus fréquente est de calquer des chiffres européens ou américains sans adaptation. Une startup qui s’adresse au consommateur marocain doit le prouver dans ses données : taille du segment, pouvoir d’achat, comportements numériques.
Troisième point : la cohérence visuelle et narrative. Un pitch deck n’est pas un patchwork de slides, mais une trajectoire logique. L’œil doit glisser d’une idée à l’autre sans rupture. Cela suppose un langage homogène (même ton, mêmes couleurs, même typographie).
Enfin, il faut terminer fort. La dernière slide souvent celle du “Ask” (montant recherché et utilisation des fonds) doit être claire, chiffrée et réaliste. Un investisseur marocain ne finance pas une idée floue : il finance une stratégie.

2. Les “don’ts” : les erreurs fatales à éviter

Le premier “don’t” est évident : trop de texte. Beaucoup d’entrepreneurs croient que multiplier les détails prouve leur sérieux. C’est l’inverse. Un deck trop dense décourage la lecture. L’investisseur veut comprendre en quelques minutes les grandes lignes du projet, pas lire un rapport.
Le second écueil est l’absence de cohérence financière. Trop de decks présentent des projections irréalistes : +300 % de croissance annuelle sans justification, marges nettes supérieures à 50 % dès la première année, ou absence totale de plan d’utilisation des fonds. Ces approximations ruinent la crédibilité du projet.
Autre erreur fréquente : le jargon. Des expressions comme “disrupter le marché”, “réinventer l’expérience utilisateur” ou “créer de la synergie” n’apportent aucune information. Les investisseurs veulent des faits : traction, coûts d’acquisition, rétention, burn rate.
De même, les decks qui cachent leurs difficultés derrière des slogans creux perdent toute valeur analytique. Au Maroc, la transparence est devenue un critère majeur : mieux vaut admettre une faiblesse que la dissimuler.
Enfin, il faut éviter les comparaisons bancales. Beaucoup de fondateurs ouvrent leur pitch avec des formules du type “le Uber du transport artisanal” ou “le Amazon de la logistique africaine”. Ces raccourcis peuvent aider à situer un concept, mais ils sont risqués : ils réduisent souvent la complexité du projet et montrent un manque d’identité. Mieux vaut décrire son positionnement par des faits que par des étiquettes importées.

3. Adapter le deck à son audience : le vrai secret des bons fondateurs

Un bon deck marocain n’est pas universel : il s’ajuste à l’audience. Un fonds de capital-risque ne lit pas un pitch deck comme un banquier ou un incubateur.
Face à un investisseur privé, le fondateur doit miser sur la traction et la scalabilité. Le discours doit être orienté vers la croissance et la rentabilité à moyen terme.
Devant une institution publique (Tamwilcom, CRI, ministère, fondation), le ton doit être plus analytique : mise en avant de l’impact, de la création d’emplois, de la contribution à l’économie locale.
Enfin, dans un concours ou un appel à projets, la clarté visuelle et la capacité à résumer le modèle en une phrase deviennent essentielles.

Les incubateurs marocains Technopark, StartGate, HSEVEN insistent aujourd’hui sur cette polyvalence : un deck doit pouvoir être décliné en plusieurs versions selon le contexte.
Les meilleurs fondateurs entretiennent ainsi trois versions actives : une courte (5 slides pour un pitch oral), une standard (10 à 12 slides pour les VC), et une longue (jusqu’à 20 slides avec annexes financières). Cette modularité reflète la maturité du projet et la capacité du fondateur à communiquer efficacement.
L’adaptation du deck est une compétence stratégique. Elle montre que le fondateur comprend les attentes de son interlocuteur, un signe que les investisseurs interprètent comme un gage d’intelligence de marché.

Un pitch deck n’est pas une œuvre d’art : c’est un outil de décision. Pour un fondateur marocain, sa qualité dépend moins du design que de la clarté et de la cohérence des données. Un bon deck se lit, se comprend et se partage facilement. Il ne cherche pas à impressionner, mais à convaincre. En d’autres termes : la sobriété est la nouvelle ambition.

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