Maroc : un bond historique dans le Global Innovation Index 2025

Le Maroc signe en 2025 une percée majeure dans le classement mondial de l’innovation publié par l’OMPI, Cornell et l’INSEAD. En gagnant neuf places pour atteindre le 57ᵉ rang sur 139 économies, le Royaume franchit un seuil symbolique : celui des 60 nations les plus innovantes au monde. Ce résultat illustre la montée en puissance du capital immatériel et de l’industrie de haute technologie, tout en posant les bases d’un modèle économique tourné vers la création de valeur par l’innovation.

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Maroc : un bond historique dans le Global Innovation Index 2025 l Start-up.ma

L’édition 2025 du Global Innovation Index (GII) offre une lecture précieuse de la dynamique en cours dans l’économie marocaine. En s’extrayant de la zone moyenne pour se hisser au rang des économies innovantes reconnues, le pays valide des choix stratégiques opérés depuis une décennie en matière d’industrialisation, de propriété intellectuelle et de soutien à l’entrepreneuriat technologique. Ce bond n’est pas anecdotique : il est le reflet d’une économie en mutation qui parvient à transformer ses investissements en résultats tangibles, un point essentiel dans un environnement mondial où la compétition se joue désormais sur l’innovation.

Une percée dans un paysage compétitif mondial

Le GII mesure 80 indicateurs allant des institutions aux infrastructures, en passant par le capital humain, la sophistication des marchés et la production de connaissances. À travers ce prisme, le Maroc occupe en 2025 la 4ᵉ place parmi les pays à revenu intermédiaire inférieur, et la 8ᵉ dans la région MENA. Mais c’est surtout l’écart entre les inputs et outputs qui attire l’attention : 77ᵉ en termes de ressources et investissements, le pays est déjà 51ᵉ pour les résultats concrets. Cette efficacité lui vaut d’être classé parmi les “innovation overperformers”, aux côtés de l’Inde ou du Brésil, confirmant sa capacité à générer plus de valeur qu’attendu compte tenu de ses moyens.

Le rôle moteur du capital immatériel

La performance marocaine s’explique en grande partie par l’essor du capital immatériel. Classé 17ᵉ au niveau mondial dans cette catégorie, le pays surpasse de nombreuses économies avancées. Trois indicateurs clés en témoignent : 6ᵉ place mondiale pour les dépôts de designs industriels rapportés au PIB, 24ᵉ pour les marques et 50ᵉ pour les brevets PCT. L’Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale (OMPIC) a contribué à cette dynamique en facilitant la protection et la valorisation des créations locales, renforçant ainsi la compétitivité des entreprises et encourageant les startups à miser sur l’innovation comme levier de différenciation. Cette orientation montre que la créativité industrielle et la propriété intellectuelle deviennent des atouts structurants dans le tissu économique marocain.

La haute technologie comme vecteur de transformation

Le rapport souligne également la montée en puissance de la production à haute technologie, désormais au 12ᵉ rang mondial. Ce secteur représente près de la moitié de la production manufacturière nationale, confirmant l’orientation du Maroc vers des filières industrielles à forte valeur ajoutée. Automobile, aéronautique, électronique et énergies renouvelables constituent les piliers de cette transition. Ces filières ne se contentent pas d’exporter : elles irriguent aussi l’écosystème local d’innovation, en tissant des liens avec les centres de recherche et les incubateurs. La création de clusters industriels connectés aux startups alimente ainsi un cercle vertueux de transfert technologique et de montée en gamme.

Des atouts solides, mais des fragilités persistantes

Si le Maroc progresse rapidement, les défis à relever restent significatifs. Les dépenses en recherche et développement plafonnent à environ 0,5 % du PIB, loin des standards internationaux qui se situent entre 2 % et 3 %. Le capital humain spécialisé en sciences, ingénierie et technologies constitue un autre point de vigilance. Les universités marocaines produisent chaque année des milliers de diplômés STEM, mais leur intégration dans des filières innovantes et leur rétention sur le marché local restent perfectibles. L’enjeu est désormais d’aligner la formation, la recherche et les besoins industriels pour éviter une fuite des compétences et maximiser l’impact des investissements.

Une reconnaissance internationale et un levier politique

Le franchissement du Top 60 mondial confère au Maroc une légitimité nouvelle sur la scène internationale. Le GII est un outil de référence pour les décideurs publics et privés, et son influence dépasse le simple classement : il sert de guide pour orienter les politiques de compétitivité. Pour le Royaume, ce signal valide la pertinence de stratégies articulées autour de la propriété intellectuelle, de l’industrialisation et de l’appui aux startups. Il consacre aussi une évolution culturelle : l’innovation est désormais perçue comme un effort collectif, impliquant non seulement les grandes entreprises mais aussi un réseau dynamique de PME, d’incubateurs et d’acteurs académiques.

Capitaliser sur la dynamique

Pour transformer ce succès en acquis durable, plusieurs leviers devront être actionnés. Le financement de la R&D, aujourd’hui limité, devra être significativement accru, en mobilisant aussi bien les fonds publics que les capitaux privés. La formation et l’attraction des talents technologiques représentent un autre axe critique, de même que le développement d’infrastructures numériques de pointe et de clusters d’innovation sectoriels. Enfin, le renforcement des politiques de transfert technologique et de valorisation des connaissances issues des universités est essentiel pour amplifier l’impact du savoir sur l’économie réelle.

La progression du Maroc dans le Global Innovation Index 2025 ne se résume pas à un chiffre. Elle illustre la consolidation d’un modèle économique qui mise sur la créativité, la propriété intellectuelle et l’industrie de pointe pour bâtir un avenir compétitif et durable. Si le pays parvient à maintenir ce rythme et à combler ses fragilités structurelles, il pourrait s’imposer comme un hub d’innovation en Afrique et au-delà, attirant capitaux, talents et partenariats internationaux. Cette reconnaissance mondiale ouvre une nouvelle fenêtre d’opportunités pour l’écosystème entrepreneurial et industriel marocain, et confirme que l’innovation est désormais au cœur de la trajectoire de développement du Royaume.

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