La startup marocaine Nucleon Security a levé 3,5 millions de dollars pour industrialiser sa plateforme de cybersécurité autonome et accélérer son déploiement international. Menée par NewFund Capital avec la participation d’Orange Ventures, du groupe Axian, de LoftyInc Capital et du programme 212Founders (CDG Maroc), cette opération consacre l’ambition de la deeptech fondée en 2019, déjà adoptée par plus d’une centaine de clients en Afrique.
Nucleon Security a conclu une opération financière qui confirme sa montée en puissance sur la scène technologique africaine. Le tour de table de 3,5 millions de dollars a été mené par NewFund Capital, fonds reconnu pour son soutien aux startups innovantes à fort potentiel. Aux côtés de ce chef de file figurent des investisseurs de premier plan : Orange Ventures, bras financier du groupe télécom, Axian, acteur panafricain diversifié, LoftyInc Capital, fonds nigérian très actif dans l’écosystème tech, ainsi que le programme 212Founders de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) du Maroc.
Le choix de ces partenaires reflète l’ambition affichée par Nucleon Security : inscrire son développement dans une dynamique à la fois marocaine, africaine et internationale. Les investisseurs apportent non seulement des capitaux, mais aussi des réseaux stratégiques capables d’ouvrir des marchés et de faciliter des partenariats structurants.
Pour les observateurs, cette opération constitue un signal fort : la cybersécurité, longtemps considérée comme un secteur de niche au Maroc, s’impose désormais comme un levier majeur de souveraineté numérique et d’attractivité économique.
Une technologie agentique pour une cybersécurité proactive
Fondée en 2019 par Anas Chanaa et Antoine Botte, Nucleon Security s’est rapidement distinguée par sa capacité à combiner intelligence artificielle et approche Zero Trust. Contrairement aux solutions classiques qui se limitent à détecter les menaces, la plateforme de Nucleon agit de manière autonome. Grâce à une IA dite agentique, elle apprend en continu, adapte ses réponses en temps réel et prend en charge l’ensemble du cycle de défense.
Cette approche répond à un double défi : la multiplication des cyberattaques et la pénurie de talents en cybersécurité. En automatisant une grande partie du travail de détection et de réponse, la technologie permet aux entreprises, y compris celles disposant d’équipes limitées, de maintenir un haut niveau de protection sans complexifier leurs opérations.
La solution se compose de plusieurs briques complémentaires :
•EDR Zero Trust : un système qui neutralise instantanément les comportements suspects au niveau des terminaux.
•MDR 24/7 : un service de surveillance continue qui combine automatisation et expertise humaine.
•Malprob AI : un moteur d’analyse avancée capable de disséquer les malwares les plus sophistiqués.
•ScorX : un système intelligent de priorisation des alertes, qui hiérarchise les risques et évite l’effet de saturation des équipes.
L’ensemble repose sur le principe Zero Trust, selon lequel aucune entité, même interne, n’est considérée comme sûre par défaut. Une philosophie exigeante qui gagne du terrain à mesure que les cybermenaces deviennent plus complexes et polymorphes.
Un marché africain en quête de solutions adaptées
Le contexte joue en faveur de Nucleon Security. À l’échelle mondiale, les pertes économiques liées aux cyberattaques pourraient atteindre 10,5 trillions de dollars en 2025 selon Cybersecurity Ventures. En Afrique, la situation est particulièrement critique : les entreprises accélèrent leur digitalisation, mais disposent rarement de ressources humaines ou financières suffisantes pour sécuriser efficacement leurs infrastructures.
C’est dans ce vide que s’inscrit la proposition de valeur de Nucleon Security. En misant sur l’autonomie et l’automatisation, la startup offre une réponse concrète à des structures souvent dépourvues d’équipes de cybersécurité étoffées. Déjà, plus de 100 clients dans une dizaine de pays africains utilisent la solution, de la Tunisie au Nigeria, en passant par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Bénin ou encore Madagascar.
Au Maroc, l’entreprise joue également un rôle de catalyseur en accompagnant les institutions publiques et privées dans leur montée en compétence. Un accompagnement qui passe autant par la technologie que par la formation et la sensibilisation, dans un pays où la cybersécurité devient une priorité nationale.
Une vision opérationnelle avant tout
Pour Anas Chanaa, cofondateur et PDG, l’enjeu est clair : « Nous ne sommes plus dans la promesse technologique. Nos solutions sont en production, utilisées quotidiennement par des entreprises qui doivent se protéger efficacement. Cette levée de fonds va nous permettre de démocratiser une cybersécurité proactive, adaptée aux réalités des entreprises, et capable d’évoluer face à des menaces en constante mutation. »
La philosophie de Nucleon Security repose donc sur l’opérationnalité immédiate. L’innovation n’est pas pensée comme une finalité en soi, mais comme un moyen de répondre aux contraintes concrètes des organisations. Cette approche pragmatique séduit des clients variés : institutions financières, opérateurs télécoms, grandes entreprises industrielles mais aussi PME, souvent les plus vulnérables aux attaques.
Des retombées pour l’écosystème marocain et africain
Au-delà de sa réussite propre, Nucleon Security illustre la montée en puissance de l’écosystème deeptech marocain. Les levées de fonds significatives y sont encore rares, surtout dans des domaines à forte intensité technologique comme la cybersécurité. En attirant des investisseurs internationaux, la startup envoie un message fort : l’Afrique peut produire des innovations de rupture et rivaliser sur des segments stratégiques de la tech mondiale.
Les retombées économiques et sociales ne sont pas négligeables. L’entreprise crée des emplois qualifiés dans un domaine où les compétences sont rares. Elle contribue aussi à renforcer la souveraineté numérique des pays africains, en réduisant leur dépendance vis-à-vis de solutions importées souvent coûteuses et mal adaptées aux réalités locales.
Cette dynamique s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de l’émergence d’acteurs africains capables d’apporter des solutions originales aux défis globaux. La cybersécurité est un terrain de jeu où cette ambition prend tout son sens, tant les enjeux économiques, politiques et sociétaux sont déterminants.
Une expansion internationale en ligne de mire
La levée de fonds de 3,5 millions de dollars n’est pas une finalité, mais un tremplin. Nucleon Security entend accélérer sa croissance sur le continent, tout en amorçant son entrée sur de nouveaux marchés européens. Des partenariats stratégiques sont déjà envisagés afin d’intégrer la solution dans des écosystèmes technologiques plus larges, notamment dans la fintech, les télécoms et les infrastructures critiques.
La priorité reste double : renforcer la plateforme avec des fonctionnalités toujours plus autonomes et scalables, et multiplier les déploiements dans des environnements variés. Cette stratégie suppose également un investissement accru en recherche et développement, domaine que la startup veut consolider au Maroc, afin de maintenir son avance technologique.
Une illustration de la maturité croissante de la tech marocaine
L’annonce de cette levée de fonds illustre un tournant pour l’écosystème marocain. Longtemps cantonné aux success stories dans l’e-commerce ou la fintech, le pays voit désormais émerger des acteurs de pointe dans des domaines complexes et stratégiques. Nucleon Security en est l’un des exemples les plus frappants.
En combinant innovation technologique, vision panafricaine et ancrage local fort, la startup incarne une nouvelle génération d’entreprises marocaines qui ne se contentent pas d’être des suiveurs, mais qui imposent leurs propres standards. Une trajectoire qui ouvre la voie à d’autres deeptechs en devenir et confirme que le Maroc peut jouer un rôle central dans l’avenir numérique de l’Afrique.
Avec cette levée de fonds de 3,5 millions de dollars, Nucleon Security franchit une étape clé. La startup marocaine ne se contente plus d’être un acteur prometteur : elle s’affirme comme un pionnier de la cybersécurité autonome sur le continent africain, avec une ambition internationale assumée. Son succès démontre que l’Afrique peut générer des innovations capables de rivaliser à l’échelle mondiale, tout en apportant des réponses adaptées aux réalités locales.
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