Sand to Green, championne de l’agri-tech africaine, remporte l’Orange Social Venture Prize 2025

Sand to Green : quand le désert devient laboratoire de l’agriculture durable

Lauréate du prestigieux Orange Social Venture Prize 2025, la startup marocaine Sand to Green s’impose comme un modèle d’innovation régénérative. En transformant les terres désertiques en écosystèmes agricoles rentables, elle illustre la montée en puissance d’une Afrique qui ne subit plus le changement climatique mais le redessine.

Et si le Sahara devenait fertile ? Ce qui relevait hier de l’utopie prend aujourd’hui racine grâce à une jeune pousse née à Casablanca. Sand to Green ne se contente pas d’expérimenter : elle prouve que la régénération des sols arides peut être économiquement viable. Sa victoire à l’OSVP 2025, concours international organisé par Orange, confirme la pertinence d’un modèle où la science et la nature s’allient au service de la souveraineté alimentaire.
Ce succès dépasse le cadre entrepreneurial. Il symbolise la naissance d’une nouvelle génération d’entrepreneurs africains qui voient dans la contrainte climatique une opportunité d’innovation, et non une fatalité. Derrière cette réussite, c’est tout un continent qui affirme sa capacité à inventer son propre modèle de développement durable.

Une consécration continentale pour l’agri-tech marocaine

Lors de la 15ᵉ édition du concours, tenue à Kigali, Sand to Green s’est distinguée parmi 70 finalistes issus de 17 pays. Elle remporte le premier prix et une dotation de 250 000 dirhams, récompensant plusieurs années de recherche appliquée en agriculture régénérative.
Fondée par une équipe d’entrepreneurs marocains, la startup s’est donné pour mission de restaurer les terres arides du Maroc et d’Afrique subsaharienne grâce à un modèle agroforestier fondé sur trois leviers : la plantation d’espèces adaptées au climat sec, la gestion circulaire de l’eau et le stockage du carbone dans les sols.
Chaque hectare régénéré devient une unité productive, générant des cultures rentables (dattes, plantes médicinales, essences locales) tout en reconstituant les écosystèmes dégradés. Ce modèle séduit par sa rigueur scientifique autant que par sa rentabilité : il ne dépend pas de subventions, mais repose sur la création de valeur durable.

L’OSVP, catalyseur d’un entrepreneuriat à impact

Lancé en 2011, l’Orange Social Venture Prize est devenu une référence pour les startups africaines qui placent la technologie au service de l’inclusion et de la durabilité. Avec plus de 13 000 candidatures issues de 37 pays, ce concours révèle chaque année les acteurs les plus prometteurs du développement social par l’innovation.
Outre le soutien financier, le prix offre aux lauréats un accompagnement stratégique via le réseau Orange Digital Center, incluant mentorat, formation et accès à des investisseurs d’impact. Pour Sand to Green, cette victoire marque un tournant : elle accélère sa transition d’un modèle expérimental à une structure scalable, prête à déployer sa technologie sur de nouveaux marchés africains.
Orange a d’ailleurs fait évoluer le concours pour soutenir sur le long terme des projets à forte valeur sociétale. L’objectif : faire émerger des champions africains de l’innovation à impact, capables d’allier rentabilité et transformation systémique.

Régénérer pour résister : la réponse climatique du Sud

La mission de Sand to Green s’inscrit dans une urgence planétaire. Selon la FAO (2024), près de 65 % des terres agricoles africaines sont menacées par la désertification. Au Maroc, plus de 90 % du territoire subit une dégradation accélérée des sols.
Face à ce constat, la startup propose une alternative radicale : restaurer les sols pour produire mieux, tout en stockant le carbone et en limitant les besoins en eau. Ses projets pilotes, déployés dans le sud marocain, démontrent qu’il est possible de faire refleurir le désert grâce à des plantations mixtes — palmiers, arganiers, moringa, acacias — capables de reconstituer la biodiversité.
Cette démarche rejoint la philosophie de la stratégie nationale “Génération Green 2020-2030”, centrée sur la durabilité, la valorisation des filières locales et l’autonomie économique des agriculteurs. En intégrant la recherche scientifique à la réalité du terrain, Sand to Green devient un relais de cette vision : un modèle marocain au service d’une Afrique résiliente.
Mais au-delà de la technologie, la dimension humaine reste centrale. En formant des agriculteurs, en créant des emplois locaux et en impliquant les communautés rurales, la startup ancre son action dans une logique de développement partagé. L’impact social devient ainsi le prolongement naturel de son impact écologique.

Du prototype au modèle continental

L’un des principaux défis des startups africaines à impact réside dans la mise à l’échelle. Sand to Green aborde cette étape avec méthode. Ses ambitions s’étendent désormais à la Mauritanie, au Sénégal et à l’Égypte, où les conditions climatiques sont proches de celles du sud marocain.
Pour soutenir cette expansion, l’entreprise mise sur des partenariats hybrides : fonds d’investissement à impact, institutions publiques et coopérations internationales. Son modèle attire déjà l’attention des investisseurs : il combine une performance économique démontrée avec des indicateurs d’impact vérifiables (hectares restaurés, tonnes de CO₂ séquestrées, emplois créés).
Le Maroc, en devenant le banc d’essai de ces innovations écologiques, confirme son rôle de hub continental pour la green tech. En soutenant des projets comme Sand to Green, le pays illustre une stratégie intelligente : faire de la contrainte climatique un moteur d’innovation et un levier de diplomatie économique.

Une vitrine du potentiel africain de régénération

Le cas Sand to Green illustre une mutation profonde de la scène entrepreneuriale africaine. L’innovation n’y est plus perçue comme un luxe, mais comme un mécanisme de survie collective. Dans un continent où la pression démographique et le stress hydrique se conjuguent, les solutions régénératives deviennent stratégiques.
Cette approche dépasse la seule agriculture. Dans l’énergie, la santé ou les infrastructures, les jeunes entrepreneurs africains inventent des modèles endogènes, plus agiles et plus adaptés que les solutions importées. Le continent ne cherche plus à copier, mais à créer.
En honorant Sand to Green, le jury de l’OSVP 2025 valide cette orientation. L’entreprise devient l’emblème d’une Afrique qui, loin d’attendre l’aide extérieure, construit son propre récit : celui d’une économie circulaire, locale et régénératrice.

Du désert à la renaissance

En 2025, Sand to Green n’a pas seulement remporté un concours. Elle a démontré que la durabilité pouvait être rentable, que la science pouvait s’enraciner dans la terre, et que l’Afrique pouvait redevenir maîtresse de ses ressources.
Son histoire résume la trajectoire d’un continent en mutation : celui d’une jeunesse qui ne veut plus survivre aux crises, mais y répondre avec audace et méthode. Si le désert est un symbole de stérilité, Sand to Green en a fait le théâtre d’une renaissance. Une métaphore puissante pour l’Afrique d’aujourd’hui : celle d’une terre longtemps considérée comme aride, mais où germe désormais la promesse d’un futur fertile.